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Écrans : limiter l’exposition des enfants pendant le confinement

Depuis le lundi 16 mars, les écoliers, collégiens et lycéens français suivent leurs cours à distance, en ligne ou même à la télévision. En plus de l’enseignement, le temps récréatif passé devant les écrans augmente aussi pendant cette période de confinement. Dans ce contexte, dans quelle mesure faut-il limiter l’exposition des enfants aux écrans ?

Jeune femme qui utilise une tablette

Des risques pour la vision, le sommeil mais aussi le développement cognitif

La littérature scientifique fait état de plusieurs inquiétudes quant à l’exposition des enfants aux écrans, notamment les plus jeunes. Pour leur vision d’abord, car la lumière bleue générée par les écrans n’est pas totalement filtrée par leurs yeux, encore en cours de développement. La lumière bleue est filtrée par le cristallin, l’organe situé sur la face avant de l’œil, derrière l’iris et la pupille. À la naissance, le cristallin est clair et jusqu’à l’âge de 8 ans, il laisse passer plus de 80 % des longueurs d’ondes les plus basses. Cette lumière bleue a des effets toxiques sur la rétine, qui sur le long terme peuvent augmenter les risques de survenue de Dégénérescence Maculaire Liée à l’Âge (DMLA), avec une baisse voire une perte de l’acuité visuelle.
Pour en savoir plus sur le développement visuel de l’enfant et de l’adolescent : http://observatoire-groupeoptic2000.fr/wp-content/uploads/2016/03/Article_Dominique-Bremond-Gignac.pdf

Il est également démontré que l’exposition à la lumière bleue influe sur l’horloge biologique interne, impliquée dans les mécanismes du sommeil. C’est le rythme basé sur une luminosité importante le jour et une obscurité la nuit qui permet de réguler correctement la mélatonine, l’hormone du sommeil. Une exposition à des lumières riches en ondes bleues, même faibles, peut retarder voire inhiber la synthèse nocturne de la mélatonine, détériorant la qualité et la durée du sommeil [1]. Or chez l’enfant, le sommeil joue un rôle particulièrement important dans le développement du cerveau et la mémorisation des apprentissages.

Les experts voient également un risque potentiel dans le développement cognitif et mental, notamment avant 4 ans et pendant l’adolescence, des moments où le cerveau est en construction et « modelable » [1]. Une étude de Santé publique France publiée en janvier 2020 fait notamment état d’un risque 3 fois plus élevé de développer un trouble du langage pour les enfants qui regardent les écrans le matin avant l’école, et jusqu’à 6 fois plus important lorsque les contenus ne sont pas discutés avec les parents [4]. Les comportements associés à la consommation d’écrans sont également pointés du doigt, notamment la sédentarité et l’augmentation des prises alimentaires qui peuvent générer un surpoids [1].

Néanmoins, les impacts positifs du numérique sur les apprentissages sont aussi reconnus, notamment pour les enfants présentant des troubles ou des retards du développement cognitif, ou encore les enfants autistes, grâce à des outils adaptés (jeux vidéos, logiciels d’écriture). Plusieurs études réalisées auprès d’enfants du primaire présentant des troubles de l’apprentissage ont montré que ces outils pouvaient améliorer leurs capacités en écriture, orthographe, syntaxe et même en mathématiques [1].

Quelques repères

Petite fille qui regarde la télévisionLes autorités sanitaires françaises ont émis plusieurs avis et recommandations concernant l’utilisation que les enfants devraient idéalement faire des écrans. Bien entendu, la période de confinement que nous vivons ne permet pas toujours de se conformer à ces directives mais elles peuvent vous aider à définir quelques limites.

  • Limiter l’exposition aux écrans le soir
    Outre ses effets sur les rythmes circadiens et la qualité du sommeil, certaines études sur l’animal suggèrent que la rétine serait également plus vulnérable aux effets toxiques de la lumière bleue pendant la nuit [2]. Il faut donc limiter au maximum l’exposition à la lumière bleue des écrans le soir avant le coucher et pendant la nuit, comme le recommande l’Agence nationale de sécurité sanitaire, alimentation, santé, travail (Anses) [2]. Le Haut conseil de la Santé Publique (HCSP) précise que les écrans ne doivent pas être utilisés dans l’heure qui précède le coucher [5].
  • Avant 3 ans, pas d’écran sans interaction parentale et pas de 3D avant 5 ans
    Avant l’âge de 3 ans, les écrans doivent être proscrits s’ils ne s’accompagnent pas d’un accompagnement et d’une interaction avec un parent. L’interaction parentale permet d’éveiller l’enfant et de favoriser son développement. L’exposition aux écrans doit quoi qu’il en soit rester limitée [1]. Par ailleurs, les images 3D peuvent engendrer une fatigue visuelle due au conflit « accommodation-vergence », encore en construction pendant l’enfance et doivent être évités avant l’âge de 5-6 ans [6]. Pour en savoir plus : http://observatoire-groupeoptic2000.fr/actualites/en-direct/enfants-3d-anses/
  • Définir des objectifs et limites à l’utilisation des écrans
    À tout âge, les écrans doivent être utilisés dans un objectif précis, que l’enfant ou l’adolescent doit être capable d’identifier. L’utilisation des écrans doit être limitée dans le temps, avec un début et une fin, et du temps planifié pour d’autres activités dans la journée, avec si possible des activités à l’extérieur [6]. Ces recommandations sont d’autant plus pertinentes en période de confinement, ou l’organisation des différents moments de la journée est essentielle pour continuer à apprendre et rester en forme.

Quels contenus pour l’école à distance ?
Troisième semaine de test pour les cours à distance, dispensés par les enseignants à leurs élèves via les Environnements Numériques de Travail (ENT), e-mails, et parfois des vidéos réalisées « maison » et hébergées sur YouTube. Le Centre National d’Enseignement à Distance (CNED) propose également des cours en ligne pour tous les niveaux, de la primaire au lycée. Des médias de l’audiovisuel public comme France 4, Arte ou Radio France se sont par ailleurs mobilisés pour proposer des contenus pédagogiques aux élèves, reconnaissables sous le label « Nation apprenante ».
Pour en savoir plus : https://www.education.gouv.fr/continuite-pedagogique-tous-mobilises-merciauxprofs-303276

Retrouvez les recommandations du ministère de l’éducation nationale pour les écoliers pour continuer à apprendre pendant le confinement : https://www.education.gouv.fr/sites/default/files/2020-03/coronavirus—covid19-comment-apprendre-pendant-la-fermeture-de-l-cole–66282.pdf

 

[1] HCSP Rapport https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspr20191212_effedelexpodesenfaetdesjeunauxcr.pdf
[2] Anses LED https://www.anses.fr/fr/system/files/PRES2019DPA01.pdf
[3] Santé publique France https://www.santepubliquefrance.fr/la-sante-a-tout-age/la-sante-a-tout-age/les-1000-premiers-jours/conseils-sante-pour-les-futurs-parents-et-leurs-jeunes-enfants
[4] Collet M, Gagnière B, Rousseau C, Chapron A, Fiquet L, Certain C. L’exposition aux écrans chez les jeunes enfants est-elle à l’origine de l’apparition de troubles primaires du langage ? Une étude cas-témoins en Ille-et-Vilaine. Bull Epidémiol Hebd. 2020;(1):2-9 http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2020/1/2020_1_1.html
[5] HCSP Avis https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20191212_effedelexpodesenfaetdesjeunauxcr.pdf
[6] Anses 3D https://www.anses.fr/fr/content/technologies-3d-et-vision

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