Perte d’audition, appareillage et déclin cognitif
L’équipe de recherche Inserm « Epidémiologie et neuropsychologie du vieillissement cérébral » dirigée par Jean-François Dartigues à Bordeaux avait déjà montré il y a quelques mois le lien entre la perte d’audition et le déclin cognitif. Mais cette fois-ci, ils ont découvert que si le déclin cognitif est bien accéléré chez les malentendants non appareillés, le déclin cognitif des personnes appareillées est en revanche freiné, et similaire à celui des personnes normo-entendantes.
Porter des aides auditives freine le déclin cognitif
« Ces résultats sont en faveur de la prise en charge et du dépistage de l’audition » a déclaré le Docteur Hélène Amieva.
Les troubles auditifs entraînent un isolement social, un repli sur soi, bien davantage que les troubles visuels qui sont plus facilement compensables. Une personne qui développe une presbyacousie diminue ses loisirs fondés sur des échanges avec les autres, ce qui augmente les risques d’isolement, de dépression et donc, de déclin cognitif. Il faut donc compenser cette perte auditive. « Une personne qui devient sourde, et qui ne fait pas l’effort ou qui ne peut pas (pour des questions financières par exemple) compenser cette surdité, risque de vieillir plus vite que les autres. » souligne Jean-François Dartigues sur le portail EDP Info.
La cohorte PAQUID
Les études de cohorte menées sur de larges échantillons de personnes âgées sélectionnées de manière aléatoire permettent d’étudier le vieillissement sur des individus représentatifs de la population générale.
L’étude PAQUID, dirigé par Jean-François Dartigues, est une étude épidémiologique menée dans les départements de Gironde et de Dordogne consistant à suivre depuis 25 ans une cohorte initiale de 3777 personnes âgées de 65 ans et plus. Les personnes sont vues à domicile tous les deux ans environ par des psychologues et médecins dans le cas de suspicion d’une pathologie démentielle. De nombreuses variables socio-démographiques, indicateurs de santé physique et mentale, mesures du fonctionnement cognitif sont recueillis à chaque suivi. La gêne auditive ressentie par les sujets a été également recueillie à partir de questions simples « Etes-vous gêné pour suivre des conversations à plusieurs ? », « Etes-vous appareillés ? ». En revanche, il n’y a pas de mesure précise d’audiogramme.