Le risque d’infarctus prédit à partir d’un scan des yeux
Savoir si une personne est à risque de faire un arrêt cardiaque, en demandant à une machine d’interpréter un simple scan de ses yeux ? Selon des chercheurs anglais, c’est bel et bien possible. Explications.
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Qu’est-ce que le deep learning, ou apprentissage profond ?
C’est donner énormément d’images à la machine et, surtout, lui apprendre à les interpréter : sur ce cliché, il n’y a pas de pathologie, sur celui-ci, il y a une tumeur, etc.
Les machines apprennent de leurs erreurs, et s’améliorent jour après jour. Ce qui les rend très fortes pour interpréter des images. L’Intelligence artificielle va probablement devenir une aide formidable pour des diagnostics toujours plus justes.
Une étude* publiée le 25 janvier 2022 dans la revue Nature Machine Intelligence en apporte une nouvelle fois la preuve.
Ce qu’il faut savoir, c’est que lorsque les vaisseaux sanguins de la rétine se modifient, c’est un indicateur que le patient a une mauvaise santé cardiovasculaire, et est donc à risque de faire un infarctus.
70 à 80% de précision
Des chercheurs de l’université de Leeds (Royaume Uni) ont demandé à une machine d’analyser des scans de la rétine de plus de 5000 personnes. Pour chaque scan des yeux, la machine voyait aussi un scan cardiaque de la personne, pour lui apprendre à identifier des liens entre les anomalies de la rétine et des changements dans le cœur du patient. Résultat ? Dans 70 à 80 % des cas, la machine a vu juste. Et a su détecter si la personne présentait, ou non, un risque élevé de faire un infarctus du myocarde (l’arrêt cardiaque) dans les douze mois à venir. Une découverte qui pourrait permettre de révolutionner le dépistage des maladies cardiaques dans les années à venir. Les patients à haut risque pourraient ainsi être identifiés plus tôt, et traités, pour éviter d’en arriver à l’infarctus. Essentiel, car chaque année, 50.000 personnes en France meurent prématurément d’un arrêt cardiaque, selon la Fédération française de cardiologie. Aujourd’hui, seules une échocardiographie ou une IRM cardiaque permettent de détecter ces anomalies, mais ces examens sont plus coûteux et moins accessibles qu’un simple scan de l’œil, déjà largement utilisé par les ophtalmologues pour diagnostiquer et suivre des maladies oculaires, comme la rétinopathie diabétique. Cette complication du diabète est causée par l’excès de sucre dans le sang, qui fragilise les petits vaisseaux de l’œil, pouvant conduire à la cécité.
*Predicting myocardial infarction through retinal scans and minimal personal information: https://www.nature.com/articles/s42256-021-00427-7