Une lentille pour soigner le glaucome
Aujourd’hui, le glaucome ne se guérit pas, mais il peut être stabilisé, avec des collyres, du laser ou de la chirurgie. Et demain ? Des chercheurs coréens espèrent ajouter des lentilles intelligentes à cette liste de solutions permettant de tenir le glaucome sous contrôle. Détails.
Il n’y a pas plus sournois que le glaucome : il s’installe sans faire de bruit. Quand ceux qui en souffrent s’en aperçoivent, il est déjà trop tard : ce qui a été perdu de la vision l’est pour toujours. Le champ visuel se réduit peu à peu. La vision disparaît d’abord sur les côtés, et si rien n’est fait, la vision centrale finira elle aussi par disparaître. Cette pathologie oculaire est due à un excès de tension dans l’œil : il y a un déséquilibre entre la production de l’humeur aqueuse et son évacuation, qui ne se fait plus correctement.
Les traitements aujourd’hui disponibles ont un point commun : ils font baisser la pression dans l’œil. C’est aussi l’objectif des lentilles fabriquées par une équipe de l’université Postech en Corée du Sud. Mais leur prototype a plus d’une corde à son arc. Il peut en effet traiter en administrant un collyre au patient s’il détecte une pression trop élevée. Mais il peut aussi mesurer la pression intraoculaire, grâce à des capteurs en nanofils. De quoi délivrer la juste dose de produit au bon moment.
Diagnostiquer et traiter, une lentille qui sait tout faire
Plus besoin de se mettre soi-même des gouttes dans les yeux, ces lentilles disposent de leur propre réservoir. Ce dernier, extrêmement discret, se trouve sur le pourtour de la lentille. En cas de tension trop élevée, elle délivrerait automatiquement des gouttes pour la faire baisser, sans que le patient ait besoin de faire quoi que ce soit, si ce n’est mettre ses lentilles au réveil, et les retirer en fin de journée. Le dosage est adapté en permanence, ce qui ne peut être le cas avec des collyres classiques. Jusqu’à présent, en effet, il faut consulter son ophtalmologue à intervalles réguliers pour surveiller sa pression intraoculaire. Ce nouveau prototype intelligent a été testé sur des lapins souffrant de glaucome. La mesure en temps réel de la pression intraoculaire s’est révélée concluante.
L’étude a été publiée en novembre 2022 dans la revue Nature Communications. Des essais cliniques sur l’Homme sont prévus d’ici deux ans, avant une éventuelle commercialisation. Si les différents obstacles étaient franchis, jusqu’à la mise sur le marché, les patients bénéficieraient alors d’un traitement totalement personnalisé. Un réel espoir pour les 800 000 personnes traitées en France [1] pour cette maladie chronique de l’œil.
[1] Assurance Maladie.