Apprendre à lire : mécanismes, prérequis et obstacles
La compréhension en lecture s’explique essentiellement par deux capacités indépendantes, le langage oral et l’identification des mots écrits. Au début de l’apprentissage, l’identification des mots repose sur le mécanisme de décodage : grâce à un nombre limité de règles graphèmes-phonèmes (lien entre les lettres et leurs sons), l’enfant peut décoder des milliers de mots stockés dans son lexique mental bien avant la lecture. Ce mécanisme, prenant des lettres à l’entrée et des phonèmes à la sortie, peut être très fortement impacté par des troubles visuels et auditifs. En effet, la dyslexie du développement s’explique souvent par des problèmes phonologiques (mauvaise conscience phonémique, confusion de phonèmes) ou orthographiques (incapacité de traiter des lettres en parallèle, inversion de lettres). Ces difficultés empêchent la mise en route du décodage ce qui, à son tour, ne permet pas de rentrer dans le cercle vertueux de l’auto-apprentissage. Un dépistage précoce des aptitudes visuelles, auditives et langagières et des interventions ciblées restent les meilleures armes.
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Biographie
Directeur de recherche au CNRS, Johannes Ziegler dirige le Laboratoire de Psychologie Cognitive (CNRS-AMU, UMR 7290) et codirige l’Institut Convergences « Langage, Communication, Cerveau » à l’Université d’Aix-Marseille. Tout en travaillant sur les bases cérébrales de la lecture, Johannes Ziegler a consacré ces vingt dernières années à l’étude de l’apprentissage de la lecture dans différentes langues, la dyslexie et la modélisation computationnelle de la lecture normale et pathologique. Il est membre du conseil scientifique restreint auprès du Ministre de l’Éducation Nationale.