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Françoise Pasqualin : « Le brainspotting ouvre des zones cérébrales inaccessibles »

Le brainspotting présente des résultats intéressants sur des patients que les techniques psychothérapeutiques classiques ne parvenaient pas à soulager. Cette thérapie s’appuie sur des positions oculaires particulières, appelées « brainspots », qui donneraient accès à des zones reculées du cerveau où se logeraient les traumatismes profonds.

©Thamrongpat Theerathammakorn

Entretien avec Françoise Pasqualin , psychologue clinicienne, cofondatrice avec Bernard Mayer de l’Institut Européen de Thérapies Somato Psychiques (IETSP), tous deux superviseurs et formateurs de Brainspotting. Un nouvel outil thérapeutique qui a été élaboré en 2003 aux États-Unis par David Grand, Docteur en Psychologie auteur de «la thérapie Brainspotting : pour vous libérer de vos traumas et de vos somatisations » Ed. trédaniel.

– Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le brainspotting ?

Françoise Pasqualin : Il s’agit d’un outil thérapeutique qui repose sur la recherche de positions oculaires stratégiques, les « brainspots ». C’est une thérapie corps/cerveau ou les « Brainspots » permettent d’atteindre les centres cérébraux de la mémoire traumatique ou se situent les souffrances psychiques. Le processus requiert la Pleine Conscience du sujet, autrement dit, le thérapeute demande au patient d’être très attentif à ce qu’il se passe dans son corps. On dit que le patient est « activé ». Celui-ci expose d’abord au thérapeute sa problèmatique (douleur, perte de confiance, traumatisme…). Le professionnel effectue ensuite un mouvement de balayage des doigts devant les yeux du patient. À un moment, il observe un tressaillement des yeux, ou bien le regard qui se fixe, ou encore des tics du visage. Ces réflexes involontaires signalent qu’une ou des zones pertinentes du cerveau profond ont été localisées, les « brainspots ».

Les brainspots permettraient en effet d’accéder au niveau des zones sous-corticales, à savoir les zones cérébrales non-verbales et non-cognitives du cerveau, qui contiennent le réseau de mémoire en relation avec les troubles psychiques. Ces zones ne sont pas accessibles par la thérapie verbale et cognitive En fixant son regard sur le brainspot pendant quelques minutes, le patient assiste à un déroulement d’images liées à sa problématique et son cerveau va alors commencer à élaborer des solutions, à donner une autre représentation de la situation. Grâce à cette capacité d’intégration et de créativité du cerveau, il va évoluer vers un apaisement du patient. C’est un processus d’auto-guérison surprenant, avec une absence d’interprétation du thérapeute.

« Ces réflexes involontaires signalent qu’une ou des zones pertinentes du cerveau profond ont été localisées, un brainspot. »

– En quoi le brainspotting se distingue-t-il des thérapies plus classiques, y compris de l’EMDR ?

F. P. : Le brainspotting est une thérapie qu’on peut qualifier de non-cognitive car elle ne passe pas par le néocortex, qui régit les fonctions cognitives « supérieures » dont la conscience et le langage. Elle est de ce fait une porte d’entrée aux zones cérébrales non-verbales, qui ne sont pas accessibles aux thérapies classiques qui mettent la parole au centre de la thérapie. Cela représente, pour nous thérapeutes, un immense et extraordinaire progrès , car la plupart des patients ignorent l’origine de leurs problèmes.

Cet outil a été découvert au début des années 2000 par David Grand, un thérapeute américain spécialiste de la psychotraumatologie. Il souhaitait améliorer l’EMDR (désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires, en anglais), afin d’aider les patients très traumatisés comme les victimes de l’attentat terrroriste des World Trade Center. À la différence de l’EMDR, le brainspotting n’a pas besoin d’hypothèse de départ : on peut partir d’une situation assez vague comme la dépression, la douleur ou simplement la tristesse. C’est un outil qui permet de traiter mais aussi de diagnostiquer.

« Le brainspotting s’appuie sur la capacité naturelle du corps à « s’auto-scanner », c’est-à-dire à identifier un trauma et à en guérir. La thérapie vise à activer, stimuler et concentrer cette capacité naturelle. »

– À qui s’adresse ce type de thérapie ?

F. P. : Le brainspotting possède un champ thérapeutique très large. On obtient des résultats significatifs sur des personnes présentant des traumatismes physiques et émotionnels anciens, souffrant de dépression, d’attaques de panique, d’angoissses, de peurs inexpliquées, mais aussi de phobies. Les addictions et les maladies psychosomatiques comme les fibromyalgies ou les douleurs chroniques sans cause médicale peuvent également bénéficier de cet outil. La thérapie permet d’agir sur des états très résistants, mais elle est surtout étonnament rapide, comme le disent les praticiens et les patients. Enfin, le brainspotting est aussi utilisé par des sportifs de haut niveau et des artistes pour améliorer leurs performances. C’est d’ailleurs à partir du cas d’une patineuse artistique qui ne parvenait pas à exécuter un triple-saut que David Grand a posé les principes du brainspotting.

– Qui sont les praticiens ?

F. P. : Ce sont pour la majorité des professionnels de santé très formés et expérimentés, toujours à la recherche d’outils thérapeutiques innovants. C’est la vocation de notre institut de formation au Brainspotting (www.ietsp.fr). Avec Bernard Mayer,président et co-fondateur de l’IETSP, nous sommes le seul organisme habilité à délivrer cette formation en France. Depuis 2014, nous avons formé à peu près 450 praticiens au sein de notre Institut. Dans le monde, 150 000 thérapeutes utilisent aujourd’hui le Brainspotting pour aider leurs patients.

 

Françoise Pasqualin / Co-fondatrice de l’IETSP, Présidente de l’AFPJ (Association Française Pierre Janet), psychologue clinicienne et psychothérapeute, Hypnothérapeute, praticienne et superviseuse EMDR-Europe, superviseuse et formatrice en BRAINSPOTTING. Elle exerce en secteur privé à Strasbourg.
Bernard Mayer / Président et co-fondateur de l’IETSP et de l’AFPJ spécialisé en psychothérapies à médiation neuro-corporelle. Concepteur de La Thérapie Intégrative Corps Esprit™, praticien EMDR, Superviseur et formateur en BRAINSPOTTING. Il exerce en secteur privé à Paris. Auteur de La Psychothérapie non verbale des Traumas, L’Harmattan, 2017.

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