Des gouttes oculaires capables de corriger la réfraction
Des médecins du Centre médical Shaare Zedek et de l’université Bar-Ilan en Israël travaillent à l’élaboration d’un traitement oculaire innovant : des gouttes à instiller dans l’œil, capables de corriger myopie et hypermétropie. Une voie de recherche aussi prometteuse qu’enthousiasmante, qui pourrait constituer la prochaine révolution en ophtalmologie.
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Un jour, les ophtalmologistes pourraient peut-être proposer à leurs patients atteints de myopie ou d’hypermétropie des gouttes pour les yeux. Cette innovation viendrait élargir la liste des solutions existantes pour corriger ces troubles visuels (lunettes, lentilles de contact et chirurgie). Ces gouttes, appelées Nanodrops, ont été présentées en avril 2018 lors du congrès annuel de l’American Society of Cataract and Refractive Surgery. Elles ont la propriété de modifier localement l’indice de réfraction de la cornée. Cette solution utilise des nanoparticules synthétiques et biocompatibles qui ne mesurent pas plus de quelques millionièmes de millimètre.
Comment ça marche ?
Le dispositif fonctionnerait à l’aide d’une application smartphone. Le patient mesure, seul, sa réfraction puis en déduit un « motif » de petits trous à réaliser dans la couche superficielle de la cornée. La deuxième étape fait intervenir un laser, différent de celui utilisé actuellement pour l’opération de la myopie, qui perce le motif correspondant dans l’épithélium cornéen grâce à de nombreuses pulsations très rapides (quelques millisecondes). Enfin, les nanoparticules des Nanodrops pénètrent dans ces minuscules trous réalisés dans la cornée et modifient localement la puissance optique des yeux selon la correction désirée en changeant la trajectoire de la lumière.
Pas encore de résultats chez l’homme
Testé ex vivo sur dix yeux de cochons avec différentes concentrations de nanoparticules, ce traitement a permis de corriger d’environ trois dioptries à la fois la myopie et l’hypermétropie. Les mesures ont été réalisées après instillation des gouttes tous les quarts d’heure pendant deux heures. Les chercheurs ont annoncé qu’ils comptaient mener des expérimentations in vivo afin de savoir à quelle fréquence les gouttes doivent être introduites dans les yeux, et identifier leur durée d’effet. Reste aussi à savoir si le traitement pourrait être utilisé en toute sécurité chez l’homme.
Une approche testée aussi pour la DMLA
Ce type de nanotechnologie est également étudié par des chercheurs de l’Institut d’ophtalmologie ULC à Londres[1]. Ils travaillent sur ce nouveau mode d’administration pour les médicaments anti-angiogéniques, utilisés par des patients atteints de dégénérescence maculaire liée à l’âge. Les injections utilisées aujourd’hui seraient alors remplacées par de simples gouttes oculaires. Ces chercheurs tentent de parvenir à remplir de minuscules billes (nano-vésicules) avec le médicament, pour le transporter au-delà de la barrière cornéenne et le délivrer directement sur la rétine.
[1] Benjamin M. Davis al., « Topical Delivery of Avastin to the Posterior Segment of the Eye In Vivo Using Annexin A5-associated Limosomes », le 5 mars 2014. Disponible en ligne : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/smll.201303433