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Des transports en commun de plus en plus accessibles aux déficients visuels

La loi de février 2005 apporte des évolutions fondamentales pour répondre aux besoins des personnes handicapées. Elle impose notamment la mise en accessibilité des bâtiments et des transports. Dix ans et quelques délais supplémentaires plus tard, les résultats sont globalement encourageants d’après les associations.

©SolStock

Qu’impose la loi ?

La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées apporte des avancées majeures dans plusieurs domaines : l’emploi, la scolarité, l’accessibilité, le droit à compensation ou les Maisons départementales des personnes handicapées (MDPH). Grâce à elle, l’accessibilité des transports en commun s’est considérablement améliorée. Elle précise notamment que les personnes handicapées doivent pouvoir monter et descendre des véhicules ou des rames, se localiser, s’orienter et bénéficier de l’information nécessaire à l’accomplissement de leur voyage. Elle impose aussi que les chiens-guides d’aveugles aient accès à tous les transports sans facturation supplémentaire. L’ordonnance n° 2010-1307 du 28 octobre 2010 spécifie que le renouvellement du matériel roulant (bus, tram, métro), la mise aux normes d’accessibilité, comme l’information sonore et visuelle, est obligatoire.

Des transports urbains en mutation

Les bus ont été les premiers à accomplir leur mutation en faveur des personnes avec une déficience visuelle. Selon Jacques Fournier du pôle accessibilité de l’Association Valentin Haüy (AVH), la plupart des moyennes et grandes villes françaises ont rendu leur réseau de bus accessible, c’est-à-dire équipé en messages vocaux qui annoncent les stations et avec des girouettes en façade de bus plus lisibles grâce à de meilleurs contrastes. « Il a fallu expliquer aux transporteurs que les déficients visuels ne voient pas bien les LED orange sur fond noir. » indique-t-il. Ce qui relève du détail pour un bien voyant est finalement crucial pour se déplacer pour d’autres. Ainsi, les panneaux indicateurs des abribus parisiens sont illisibles pour les malvoyants.

Les métros des grandes villes françaises ont aussi mis en place de nombreux équipements : des signaux sonores, des bandes en caoutchouc, un allongement des mains courantes des escaliers ou encore des nez de marche contrastés visuellement par rapport au reste de l’escalier… Il existe aussi des systèmes de balises sonores pour guider les voyageurs souffrant de cécité à rejoindre les guichets de vente de billets. « Parfois il y a des petites choses toutes simples qui nous changent la vie : la ligne 5 du métro parisien est très courbée à la station Place d’Italie : des bruits de pivert nous indiquent, à nous personnes malvoyantes, un espace anormalement important entre la rame et le quai » explique Jacques Fournier. « On a mené il y a quelques années des formations sur le terrain. Au travers d’exercices de simulation, avec canne et bandeau, les agents de la RATP ont compris nos difficultés ».

L’accessibilité passe aussi par l’humain

L’éditorialiste de LUMEN n°11, le magazine de l’UNADEV (Union Nationale des Aveugles et Déficients Visuels), déplore : « on a probablement oublié l’importance de l’aide humaine et du lien social comme vecteur d’accessibilité. » Pour Marie-Christine Raoult, qui dirige la mission accessibilité de la RATP, la relation humaine est un important facteur d’accessibilité. « Nous sommes une entreprise de transports évaluée sur les trains qui arrivent à l’heure mais aussi sur notre capacité d’accueil de tous les voyageurs qui empruntent nos lignes ». D’après son expérience, si les formations sont essentielles, « le management doit porter ces démarches » pour assurer la mise en œuvre de cette volonté d’accessibilité. « C’est par exemple le directeur de la ligne 1 du métro qui a motivé son équipe et en particulier les agents en station, pour obtenir la labellisation ‘Cap’handeo Service de mobilité’ pour l’accueil des personnes en situation de handicap mental, psychique, visuel ou auditif ».

Quelques exemples de l’étranger

  • Au Japon, des sons diffusés au niveau des escaliers mécaniques permettent d’informer la personne déficiente visuelle sur leur sens de fonctionnement. Monte-t-il ou descend-il ?
  • En Italie, les gares sont équipées de plans des réseaux de transports en relief et en métal, pratiques et solides.
  • À Londres, les personnes atteintes d’un handicap peuvent, si elles le souhaitent, porter un badge distinctif : « Please offer me a seat ». Le but : qu’elles soient ainsi repérées et aidées par les autres usagers, même si leur handicap n’est pas visible, comme par exemple une maladie de l’oreille interne perturbant leur équilibre.
  • Enfin, les métros de Barcelone et Madrid sont historiquement des modèles à suivre en matière d’infrastructures accessibles depuis plus de trente ans. « Il y a plus d’ascenseurs à Madrid que dans les métros de New-York, Paris et Londres réunis ». D’après Jacques Fournier, l’investissement des associations auprès des municipalités a été déterminant.

À Nantes, des carrefours sonores
La ville de Nantes, en Loire-Atlantique, s’équipe en feux de signalisation conçus pour les personnes présentant une déficience visuelle. Elle en a déjà installés plus de 80, en particulier dans des carrefours où circulent à la fois des bus, des trams, des voitures, des vélos… Les déficients visuels peuvent utiliser leur télécommande universelle qui déclenche les informations sonores. D’abord, ils peuvent être informés par des bips répétés de la possibilité de traverser, ou par un message parlé « rouge piéton » de son impossibilité. Et si les feux tombent en panne, le tramway n’est plus prioritaire et doit marquer un arrêt à l’entrée du carrefour.

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