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Le point sur la somnolence au volant

La somnolence au volant serait responsable de 20 % des accidents mortels de la circulation en Europe. Principalement en cause, la « dette de sommeil », une accumulation de nuits trop courtes, de plus en plus répandue dans les pays développés.

Femme fatiguée au volant

©andresr

La somnolence ne doit pas être confondue avec la fatigue. La fatigue correspond à un état d’épuisement secondaire dû à une activité physique ou mentale importante. Elle n’a pas de relation avec une carence de sommeil, même si celui-ci peut être réparateur. Au contraire, la somnolence est le plus souvent en lien avec un manque de sommeil, de plus en plus fréquent dans les sociétés développées, où les modes de vie tendent à raccourcir le temps dédié au sommeil. Dans une étude de 2008, l’Inpes (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) rendait compte que 45 % des personnes interrogées, âgées entre 25 et 45 ans, estimaient dormir moins que ce dont elles avaient besoin [1].

D’autres facteurs peuvent causer ou aggraver un état de somnolence. Parmi ceux-ci, la prise de certains médicaments (anxiolytiques, hypnotiques, antidépresseurs, relaxants musculaires, certains antihistaminiques et anticonvulsivants…), l’alcool et les drogues illicites, ou encore la digestion d’un gros repas. Au volant, la somnolence peut également être liée aux conditions de conduite : durée du voyage, température, route monotone, mauvaise aération de l’habitacle, etc.

Dans un cycle de 24 heures, certains moments sont plus propices que d’autres à la somnolence : la nuit entre minuit et 6 heures du matin, et le début de l’après-midi, entre 14 et 16 heures. C’est justement à ces moments que survient la majorité des accidents de la circulation. Dans leur livre blanc sur la somnolence au volant, publié en 2013, l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV) et l’Association des sociétés françaises d’autoroutes (ASFA) [2], rappellent que la somnolence est responsable de 20 % des accidents mortels de la circulation en Europe. « En France, en 2011, sur 3 970 accidents mortels, 732 ont eu lieu sur des lignes droites et parmi ceux-ci, 85 % étaient liés à la somnolence », précise le rapport.

Une vision rétrécie et des réflexes diminués

La somnolence altère gravement les performances du conducteur, en particulier sa faculté de décision. Les réflexes sont ralentis voire absents, ce qui explique que non seulement la somnolence augmente l’accidentologie mais surtout qu’elle provoque des accidents graves par perte de contrôle du véhicule. « Les accidents de la circulation causés par un conducteur s’endormant au volant sont particulièrement sévères et souvent mortels, du fait de la vitesse incontrôlée du véhicule lors de l’impact, et de l’incapacité du conducteur à freiner. » explique le Professeur Damien Leger, Directeur du Centre du Sommeil et de la Vigilance de l’Hôtel-Dieu (AP-HP).

Les facultés altérées par la somnolence sont nombreuses :

  • Diminution du champ visuel (vision tunnellaire) ;
  • Syndrome dysexécutif cognitif (altération de la prise de décision et diminution de la flexibilité mentale et de l’inhibition) ;
  • Difficultés pour intégrer les informations (trouble majeur de la mémoire de travail) et altération de la mémoire à court terme.

La somnolence peut générer des micro-sommeils de 1 à 4 secondes. Au volant, ces quelques secondes peuvent être fatales. 4 secondes à 130 km/h, c’est plus de 140 m parcourus.

À titre de comparaison, on estime que prendre la route après une nuit blanche présente autant de danger que de conduire avec une alcoolémie de 0,9 g/l de sang. Une personne éveillée depuis plus de 17 heures sans interruption a un niveau de vigilance comparable à quelqu’un qui aurait 0,5 g d’alcool par litre de sang [2].

Un risque encore négligé

Alors que la somnolence représente un risque très important, de nombreux conducteurs semblent encore la négliger. D’après une enquête Ipsos réalisée en 2018 pour le compte de la Fondation Vinci Autoroutes [3], 42 % des conducteurs prennent la route alors qu’ils se sentent très fatigués. Plus inquiétant, un tiers des personnes interrogées ont vécu une situation à risque liée à la somnolence au volant :

  • 33 % ont déjà eu l’impression de s’être assoupis durant quelques secondes au volant.
  • 26 % ont déjà empiété sur la bande d’arrêt d’urgence ou sur le bas-côté à cause d’un moment d’inattention ou d’assoupissement.
  • 1 conducteur sur 10 a déjà failli avoir un accident en raison d’un assoupissement au volant.

Des signes d’alerte reconnaissables

Les lunettes connectées Prudensee

Les lunettes connectées Prudensee

Une multitude de signes indiquent que notre corps lutte contre le sommeil : bâillements répétés, clignements des paupières prolongés, micro-chutes de tête… De nombreux constructeurs automobiles et acteurs de prévention développent des solutions permettant de capter ces symptômes de l’endormissement pour prévenir les accidents.

Les lunettes intelligentes Prudensee, développées par la start-up Ellcie Healthy et disponibles dans les magasins Optic 2000, permettent d’avertir le conducteur et ses passagers dès les premiers signes d’assoupissement. Des capteurs infrarouges placés sur les lunettes mesurent les paramètres révélateurs d’endormissement (clignement des paupières, bâillements et micro-chutes de la tête). Les données collectées sont analysées pour déterminer le niveau de somnolence du conducteur. Si des signes de baisse de vigilance sont détectés, les lunettes donnent l’alerte par le clignement de LEDs rouges et par un buzzer situé dans les montures.

Quand ces signes se manifestent, une seule chose à faire, s’arrêter et faire une sieste. Inutile de lutter en grillant une cigarette. La fumée réduirait la quantité d’oxygène dans l’habitacle, aggravant davantage la somnolence. Autre piège : se mettre à conduire à vive allure pour « se réveiller ». Une vitesse plus élevée demande un traitement des informations plus rapide, engendrant une plus grande fatigue et donc un risque d’endormissement plus important.

Quand l’oreille se substitue à la vue

Les bandes rugueuses placées le long des voies permettraient de réveiller 64 % des conducteurs endormis sur les routes qui en sont équipées. Par ailleurs, ces bandes auraient l’avantage d’inciter les conducteurs à rester au centre de leur voie [2].

 

[1] Les Français et leur sommeil, Inpes. Dossier de presse en ligne : http://inpes.santepubliquefrance.fr/70000/dp/08/dp080310.pdf
[2] La somnolence au volant. Livre blanc. INSV, AFSA. En ligne : http://www.institut-sommeil-vigilance.org/somnolence-au-volant-le-livre-blanc
[3] Baromètre français de la conduite responsable 2018. Ipsos pour Fondation Vinci Autoroutes pour une conduite responsable. En ligne : http://fondation.vinci-autoroutes.com/fr/article/la-fondation-vinci-autoroutes-publie-la-8e-edition-du-barometre-de-la-conduite-responsable

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