Le sport : ses bienfaits inattendus sur la vision et l’audition
Qui court, pédale, nage… sait que l’activité physique est associée à une (très longue) liste de bienfaits pour la santé. Le sport est bon pour le moral, pour le cœur, les articulations, les os…, mais aussi un rempart contre les cancers, le diabète ou l’obésité. Des bienfaits largement documentés. Ce qui est moins connu, c’est que le sport peut aussi être bénéfique pour la santé visuelle et auditive. Explications.
Bouger, c’est bon pour la vue
La pratique régulière d’une activité physique permettrait de ralentir le développement de certaines maladies oculaires, comme la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Ce sont des chercheurs de l’université de Virginie, aux Etats-Unis, qui l’affirmaient en 2020 [1]. Pour parvenir à ces résultats, ils ont fait des tests sur des souris en activité (en train de courir) et d’autres sédentaires. Les rongeurs sédentaires avaient une prolifération de vaisseaux sanguins dans les yeux, jusqu’à 45 % en plus par rapport aux sportifs. Loin d’être anodin, car cette prolifération de vaisseaux sanguins est justement une des caractéristiques de la DMLA. Des études plus poussées seront toutefois nécessaires pour confirmer ces résultats chez l’homme
En 2017, une étude de l’université de Californie affirmait que les personnes pratiquant une activité physique de manière intense avaient 73 % de risques en moins de souffrir de glaucome par rapport à celles qui ne faisaient rien. Les chercheurs ont examiné les données de la National health and nutrition examination survey, qui traque la santé des adultes américains depuis les années 1960, pour parvenir à ces conclusions (présentées lors du congrès de l’American Academy of Ophthalmology, en 2017). Comment expliquer dans ce cas précis l’impact positif du sport ? Peut-être parce que le glaucome est une neuropathie dont le principal facteur de risque est un excès de tension dans l’œil : il y a un déséquilibre entre la production de l’humeur aqueuse (le liquide situé entre la cornée et le cristallin) et son évacuation, qui est altérée et ne se fait plus correctement. C’est d’ailleurs pourquoi il est essentiel de le dépister précocement car, dans l’ombre, les fibres du nerf optique sont « grignotées » et le champ visuel se réduit impitoyablement. Or, pendant l’activité physique, la pression vasculaire est meilleure et la pression oculaire baisse légèrement, ce qui expliquerait les résultats des études.
Un autre argument pour chausser ses baskets ? Profiter d’un effet collatéral du sport, du moins quand il est pratiqué en extérieur, à savoir l’exposition à la lumière du jour. Exposé à la lumière naturelle, l’œil produit de la dopamine. Ce neurotransmetteur s’oppose à une trop forte croissance de l’œil pendant l’enfance et l’adolescence, freinant ainsi la myopie.
Cardio et audition, le lien inattendu
Avec les années, la peau se ride, les os se fragilisent, les muscles fondent… et l’ouïe n’échappe pas non plus à ce phénomène de vieillissement, lent mais inéluctable. C’est la presbyacousie, le vieillissement naturel de l’oreille interne. Or, selon la Haute Autorité de Santé, « l’activité physique ralentit les changements physiologiques liés à l’âge. » Y compris ceux qui touchent l’oreille interne. Des chercheurs de l’université de Miami (Etats-Unis) sont du même avis. Ils ont suivi 1 000 personnes âgées de 8 à 88 ans [2]. Leur conclusion est sans appel : maintenir une activité physique régulière après 50 ans, d’intensité moyenne à intense, ralentit la perte d’acuité auditive. A condition d’éviter deux ennemis de l’audition, les médicaments ototoxiques et les bruits forts et prolongés.
L’activité physique entretient une bonne circulation sanguine partout dans l’organisme, y compris dans l’oreille interne, ce qui est bénéfique pour les cellules ciliées de la cochlée. Pourquoi ? Parce que cela leur apporte en quantité suffisante l’oxygène et les nutriments dont elles ont besoin. Pour rappel, c’est la cochlée qui convertit les vibrations mécaniques en impulsions nerveuses et les transmet au cerveau. Et c’est ce dernier qui interprète ces signaux nerveux comme des sons. Mais l’oreille interne abrite aussi le système vestibulaire, organe de l’équilibre. Lui aussi est tapissé de cellules ciliées. Lui aussi bénéficie indirectement d’une activité physique régulière. Contrairement à leurs homologues cochléaires qui nous permettent d’entendre, les cellules présentes dans le vestibule sont essentielles au maintien de notre équilibre et à notre capacité à nous orienter dans l’espace. Il n’est pas nécessaire de rester des heures en salle de musculation pour voir des effets positifs. L’idéal reste de faire travailler son cœur, avec du cardio, au minimum 30 minutes par jour : marche rapide, vélo, natation…
Enfin, toutes les personnes souffrant d’acouphènes, ces bruits en trop qui peuvent empoisonner le quotidien, pourront, elles aussi, trouver un soulagement dans l’activité physique. Déjà d’une part parce qu’en libérant des endorphines, le sport permet de se libérer d’une partie de l’anxiété générée par les acouphènes. Ensuite, parce qu’il permet de mieux s’endormir, et d’esquiver ainsi les bruits parasites qui perturbent souvent l’endormissement.
[1] https://news.virginia.edu/content/exercise-can-slow-or-prevent-vision-loss-uva-study-suggests
[2] https://hearingreview.com/hearing-loss/hearing-loss-prevention/exercise-promotes-hearing-health