Optic 2000 - Observatoire de la santé visuelle & auditive
Accueil > Le point sur… > Focus sur un sujet clé en santé visuelle et auditive > Lumière bleue : est-elle dangereuse pour nos yeux ?

Lumière bleue : est-elle dangereuse pour nos yeux ?

Qu’est-ce que la lumière bleue ? Pourquoi est-elle nocive pour nos yeux ? Comment s’en protéger ? Eléments de réponse avec Alicia Torriglia, directrice de recherche à l’Inserm.

Homme sur une tablette dans la nuitImpossible de ne pas avoir entendu parler de lumière bleue ces dernières années. À juste titre, tant elle est devenue omniprésente dans notre quotidien. Elle est partout : dans les rayons du soleil, mais aussi les ampoules à LEDs qui éclairent nos maisons, et jusqu’aux écrans (d’ordinateur, de tablette, de smartphone…). Car les ampoules à incandescence inventées par Thomas Edison en 1879 ont été remplacées il y a quelques années par des diodes électroluminescentes (LEDs). Faibles consommatrices d’énergie, elles sont plus écologiques que les ampoules qu’elles remplacent. Mais elles ont une autre face plus sombre : elles contiennent beaucoup plus de lumière bleue.

Mais de quoi s’agit-il précisément ? « La lumière perceptible pour l’œil humain est comprise entre 400 et 800 nanomètres. Cette lumière blanche que nous percevons du soleil ou des écrans est en fait polychromatique », explique Alicia Torriglia. Elle contient un mélange de couleurs, celles de l’arc-en-ciel des jours de pluie : le rouge, l’orange, le jaune, le vert, le bleu, l’indigo et le violet. Mais certaines parties du spectre sont plus nuisibles que d’autres. « C’est le cas de la lumière bleue qui, sur le spectre, est comprise entre 400 et 500 nanomètres. » Au-delà de ce que nous pouvons voir à l’œil nu, il y a les ultraviolets et les infrarouges.

La lumière bleue dans tous ses états

Cette lumière bleue est elle-même composée de plusieurs niveaux de bleu, allant du bleu turquoise au bleu violet, cette dernière couleur étant la plus toxique pour les yeux. « Ce sont de courtes longueurs d’ondes qui produisent une grande quantité d’énergie, ce qui les rend d’autant plus dangereuses. Le problème, c’est qu’à la différence des rayons UV, la lumière bleue est très peu filtrée par les milieux oculaires situés devant la rétine, et une grande partie arrive sur la rétine. » Une exposition répétée pourrait entraîner un vieillissement prématuré des yeux. S’il reste des études à mener pour confirmer les effets à long terme sur l’Homme, de lourds soupçons pèsent sur cette lumière bleue. En 2019 déjà, l’Anses alertait sur « la toxicité de la lumière bleue sur la rétine » et prévenait qu’une « exposition chronique augmentait le risque de survenue d’une DMLA. » Elle serait aussi un facteur de risque de la cataracte. « En plus de cette toxicité pour les yeux, s’exposer à la lumière bleue la nuit dérègle l’horloge biologique », ajoute Alicia Torriglia. Car cette lumière inhibe la production de mélatonine, l’hormone du sommeil. Le cerveau reste en mode « jour », et l’endormissement est retardé.

SOS macula

Aujourd’hui, c’est au tour de l’Académie nationale de médecine de tirer la sonnette d’alarme. Dans un communiqué publié le 8 février 2023, si l’Académie reconnaît que « passé l’âge de 3 ans, les écrans se révèlent, chez l’enfant, un formidable outil de formation et d’éveil, pour peu qu’il soit encadré. » Mais ajoute aussitôt que « son usage abusif expose à des effets défavorables. L’un de ces effets défavorables pour la santé tient à la nature de la lumière que génèrent ces écrans. Cette photo-toxicité rétinienne n’est pas une brûlure aiguë, comme après l’observation imprudente d’une éclipse solaire ou la manipulation accidentelle d’un rayon laser. L’exposition chronique aux LEDs induit des lésions cellulaires particulièrement néfastes pour la macula, située au centre de la rétine, et assurant la vision fine, la lecture, l’écriture et la vision colorée. »

Les enfants, en première ligne

Les tout petits passent toujours plus de temps devant les écrans. Le constat, inquiétant, vient à nouveau d’être fait par une enquête de Santé publique France publiée en mars 2023. On y apprend qu’un enfant de 2 ans passe en moyenne 56 minutes devant un écran chaque jour ! À 3 ans et demi, ce chiffre grimpe à 1h20 par jour, puis à 1h34 pour les enfants de cinq ans et demi. « Les enfants et les adolescents sont particulièrement à risque, car leur cristallin est totalement transparent et ne les protège que très peu, laissant passer la quasi-totalité du bleu. » La lumière bleue qui y pénètre peut faire des dégâts. « Comme nous avons un capital soleil pour notre peau, nous avons un capital lumière pour nos yeux. Certes, la rétine ne va pas développer de cancer, mais elle peut dégénérer, ce qui est un facteur de risque de pathologies telle que la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA). Il faut limiter notre exposition pour ne pas épuiser trop vite ce capital. » Autrement dit, c’est l’effet cumulatif, sur le long terme, dont il faut se méfier.

Jamais sans mon filtre

L’Académie nationale de médecine alerte en particulier sur l’exposition la nuit à cette lumière bleue. Car la rétine contient des photo-pigments, « consommés le jour pour initier le phénomène de vision, et régénérés la nuit dans l’obscurité qui doit être totale. » Or, l’exposition nocturne à la lumière bleue inhiberait « la régénération physiologique des photo-pigments rétiniens. » C’est pourquoi l’Académie recommande « de promouvoir l’utilisation de lunettes protectrices contre la lumière bleue, en cas d’exposition prolongée aux écrans ; de restreindre, voire proscrire, l’usage des écrans durant la nuit. » L’idéal est d’éteindre les écrans 2h minimum avant d’aller se coucher. « En plus des lunettes, je conseille d’utiliser la fonction « nuit » des écrans » Des applications peuvent également être téléchargées, agissant comme un filtre anti-lumière bleue. Les couleurs de l’écran sont alors ajustées, passant à des tons plus chauds du spectre lumineux, permettant de soulager les yeux.

Logo Optic 2000 Se rendre sur le site du Groupe Optic 2000
Ne manquez pas les derniers articles de l'Observatoire de la santé visuelle et auditive.
> Inscrivez-vous à la Newsletter mensuelle.